Catalogue des albums / singles
Eseringila
Année | Titre de l’album |
1972 | Ghalo Ghalo |
1974 | Nkéré |
1974 | Nandipo |
1975 | Likwala |
1976 | Afrika Obota |
1976 | Ndandaye |
1977 | Ewawa |
1978 | Olando |
1978 | Eseringila |
1978 | Afrika Salalo |
1979 | Elowè |
1979 | Owèndè |
1980 | Mengo |
– | Ndjuke |
1981 | Isamu y’apili |
1982 | Awana w’Afrika |
1983 | Mando |
1984 | Réveil de l’Afrique |
1986 | Sarraounia |
1986 | Piroguier |
1986 | Ka’ bo |
1987 | Passé composé |
1988 | Espoir à Soweto |
1989 | Quête de la liberté |
1990 | Silence |
1993 | Lambarena Bach to Africa |
1995 | Maladalité |
1996 | Carrefour Rio |
2000 | Obakadences |
2004 | Ekunda-Sah |
2005 | Mandji 2005 |
2006 | Gorée |
2008 | Vérités d’Afrique |
2010 | Mondjo |
2010 | Mandji Ebwé |
2011 | Dyawo |
2013 | Destinée |
2016 | Libérée la liberté |
2017 | Gabon, éveil de la conscience patriotique |
2018 | Gabon libéré |
2018 | La couleur de l’Afrique |
1. Eswangongo
Eswangongo nyoni ye re ntyó ate
Pyèrè go dyana e swa ibowi sè mamè go pang’ikundu gnè
Gambè ibowa seto tuwuna yè nkóndó mo na s’awan’iwè
Anivi nkogo y’amanè ; « Ibowa vende sa mana, mpaga ka gnongè »
È ! Ndo ayóni nè ngóngóngó yógó wè ? È !
Eswangongo ate koko vónó nè Eswangongo Eswabowa
Kondè nè Olawalowi w’esóngè g’adèngogo swo pa ibowa
Eswangongo kè n’azwèn’iyè sowè ? È !
Yógóre gere ekuru gunó nè : « Kukfurufuru »
Anwè ayóni anwè re n’iluta
Kw’anwè fema nè Eswangongo om’omwènè
Eswabowa kè om’omwènè
E! Ndo ekotisa s’ebulio n’ekuru no mèndè ?
Oma kè n’ekuru ?
Ayóni nè nènó winó ngomba, ngomba mpolo
Go sangily’Eswangongo Eswabowa
Go po yè akewa go gn’adyandjin’ayè
Ognemba gnemba w’esongè
Ngomba ye ! ye re ger’ayóni !
Go nka y’Eswangongo Eswabowa!
Ekunda sah, sah ye ger’ayóni !
Go nka y’Eswangongo Eswabowa
G’aluwo ndjógóni ndjógóni
Eswangongo Eswabowa
Ivalango ivalango
Eswangongo Eswabowa
Kwanga no wa yay’ibembe
Eswangongo Eswabowa
O ! Kyavanga
Ngwe Eswangongo
Esósóngóló e kambe fala
Eswangongo Eswabowa
Nkumbagnóni e tong’idyembo
Eswangongo Eswabowa
Orone tatata ni nkombenongo
Eswangongo Eswabowa
Ezenge n’Evoviè
Eswangongo Eswabowa
Ayóni pika pika pika pika go nka y’ Eswangongo
Eswangongo Eswabowa
Eswangongo ryègè, ryègè ryègè n’itya
Eswangongo Eswabowa
Mbienogo n’igaguma gn’ogwanogwa : « Ndo myè ranga n’Ess .. Ess… Ess… Ess …Eswabowa »
Go dyene kanga ni ngozo
Eswangongo Eswabowa
Iruwani n’ilebuè
Eswangongo Eswabowa
Intchambi s’arónda s’adyuwa-adyora
Eswangongo Eswabowa
Ni nkugu erombin’adjuka
Eswangongo Eswabowa
Oyangayanga suku ni nguagnóni
Eswangongo Eswabowa
Nkwane, epuguzu, eziminavombo
Eswangongo Eswabowa
Okogo a tiga go buta ambwaro
Eswangongo Eswabowa
Ogulungu n’okolongo
Eswangongo Eswabowa
Vende ge re nè ebole ngóma azówu e sókile ngóri azówu, Eswangongo gore
Ayè lia lia lia ralye g’igala, k’imbogina !
Ayè liè liè liè k’iselele !
Eswangongo Eswabowa
Ntcho ntchambi móri vó limbine, A mbya n’igewa !
Eswangongo Eswabowa
Go ngomba y’ayóni vingo vingo, Eswangongo ogolo !
Eswangongo Eswabowa
My’ayeni wa nkènè we pèka vèka g’ikuirina na wa Ntinerere
Ngwe Eswangongo !
Eswangongo vuria
Eswangongo zik’eboko …
Eswangongo est un oiseau qui, lorsqu’il est prêt à mettre bas,
s’arrache ses propres plumes pour se construire son nid.
Et ses plumes repoussent en même temps que celles de ses petits.
D’où le proverbe : « Même si l’oiseau Eswangongo perd ses plumes, pourvu que dure le souffle de vie ».
Mais la gente ailée, en assemblée, se mit toute d’accord pour déclarer qu’Eswangongo s’appellerait désormais Eswangongo l’arracheur de plumes.
Parce que si le malfaiteur Esóngè a été retrouvé déplumé
Ça ne peut être qu’Eswangongo qui l’a fait. N’est-ce pas ?
– Tout à fait !
Mais la réaction de la chouette fut différente
– Vous la gente ailée, vous êtes des provocateurs ! Ignorez-vous qu’Eswangongo est une famille et que Eswabowa en est une autre ?
Mais qui prêta attention aux propos de la chouette ?
Mais qui est donc la chouette ?
Les oiseaux décrétèrent séance tenante une veillée de la danse Ekunda pour célébrer Eswangongo, surnommé désormais Eswangongo-Eswabowa, pour le remercier du bon travail qu’il a fait d’avoir déplumé le malfaiteur Esóngè.
La veillée a lieu chez la gente ailée
Au village d’Eswangongo-Eswabowa
Ekunda a lieu, Ekunda a lieu chez la gente ailée
Au village d’Eswangongo-Eswabowa
Il y avait là la poule
Chez Eswangongo-Eswabowa
Le canard, le canard
Même le grand frère pigeon
Oh le corbeau
Célébration d’Eswangongo
Esósóngóló qui mime le français
Le rossignol qui entonne les chansons
Le héron se retrouva face-à-face avec l’aigle-pêcheur
Ezenge qui annonce les étrangers se trouve nez à nez avec Evoviè l’oiseau de mauvais augure
Le village d’Eswangongo s’emplit d’oiseaux
Eswangongo se mit à trembler, trembler, trembler de peur
Au point qu’un bégaiement s’empara de lui subitement :
– Mais ce n’est pas moi Es… Es…Es… Es… Es… Es… Es… Eswabowa, protesta -t-il.
Il fallait voir s’exhiber pintade et perroquet
Eswangongo
Pélican et pigeon
Eswangongo
Les approches amoureuses d’adyuwa-adyora
Eswangongo
Et le vautour qui soulève le poisson pourri
Eswangongo
L’ibis brun-gris se trouva face à face avec l’aigle
La perdrix, Epuguzu, l’oiseau qui chante à la tombée de la nuit à l’orée du bois et l’oiseau échassier encore appelé râle d’eau
Le grand héron (ou le héron goliath) cessa, le temps de la danse, de chercher les pirogues qu’il avait perdues de vue et dont il avait pourtant la responsabilité
Etait aussi de la partie l’oiseau grimpeur (ou le touraco bleu) ainsi que Okolongo l’arbre géant et sec où se posent toutes sortes d’oiseaux
Mais malgré que le joueurs de tamtam soient de la gente ailée et que ceux qui mettent l’ambiance soient aussi de la gente ailée, Eswangongo se surprit lui aussi à esquisser des pas de danse.
Le voilà marchant majestueusement jusqu’au milieu de la cour, au milieu des danseurs !
Des cris fusèrent de toutes parts
Il se mit à tourner sur lui-même : ovations de toutes parts !
A peine avait-il fait la moindre exhibition que les bravos fusaient de toutes parts
Ce soir-là, de tous les danseurs de l’Ekunda de la gente ailée, le meilleur d’entre eux fut Eswangongo
Ce faisant, j’ai surpris les tisserins encore appelés gendarmes en train de faire des jeux de séduction derrière les cases d’habitation avec des anonymes (on ne cite pas ses contemporains !)
– « Eswangongo, démontre ton talent ! »
« Eswangongo » est un oiseau qui se déplume pour faire son nid et à qui l’on prête le proverbe suivant: « Iboa vende sa mana mpaga kao nyongè ». La chanson relate l’épisode de la danse de l’Ekunda qui réunit cette nuit-là toute la gente ailée au village d’Eswangongo. Les danseurs se tenaient comme à l’accoutumée, face à face sur deux rangs. Ce fut une soirée extraordinaire au cours de laquelle on vit alors Orone (la foulque d’eau), serrer la patte de Nkombé-Nongo (l’aigle-pêcheur); Adyuwadyora, le plongeon, cet étranger, faire la cour à Nkungu, le charognard dont on dit qu’il ramasse tout ce qui est pourri. Et parmi les hôtes, on comptait aussi Kiavanga le corbeau, Nkanga la pintade, Ngozo le perroquet, Ogègè la mouette, Izombo le martin-pêcheur, Tsanga: le clan des cigognes; Esosongolo le moineau qui ne s’exprime plus qu’en français ; Nkumbanyoni le rossignol, le chantre de la soirée. La caste des Azowu les canards aiguille étaient au tamtam, dodelinant de la tête. Mais de tous ces danseurs le meilleur, ce fut encore Eswangongo. En regagnant son village durant cette nuit-là, le narrateur surprit Nkènè le tisserin, encore appelé le gendarme, et sa clique en train de bécoter derrière les cases d’habitation avec Ntinerere et consorts … Mais nul ne sait comment se termina cette grande réunion. |
2. Ezele – Arrête-toi un moment
I
Dyao go dyao wawo g’awango
We nya epelè emo
Wino g’atwe g’azombo ampolo
A te pèdya omori
e pe tota ezanga g’ilewe
Il
Dyao go dyao wawo g’awango
We dew’odo omo
Wino g’atwe g’ado rn’atanga
A te pèdya omori
E pe sela g’etava g’igènè
III
Dyao go dyao wawo g’awango
Wono no ngwè mo
Wino g’atwe n’ayano m’itangani
Akawi ombwiri
W’arigo no KOKO NI DYENGE
IV
Ah ! vo nwe dyena
Ah! vo nwe dyena
Nwe dyena owendè
Wa te kènda kata
W’anyaki oyangayanga
Wi ntinerere
V
Ah! ekambye zè
Zi benquna g’inongo g’inongwé
Du sodu
Refrain: Ezele, Ezele
Owendè wa pasizi
Ezele
VI
Wino n’oviro wino n’ezele
Wino nè kobiliga
Vono g’agumanyo mwonaga
Omwana mwonaga
A teni ndyogolo
ndo dyivir’ omweyi …
ndo mènè re ogendo …
VII
Ah ! sa g’omanda
Reti ivenda re myeno ntyugu
Nt’awulygi tata
Si tu ris
arrête-toi un moment
si tu chantes ‘
arrête-toi un moment
si-tu danses
arrête-toi un moment
si tu pleures
arrête-toi un moment
si tu. bats le tam-tam
arrête-toi un moment
le rire dans l’oppression,
le chant dans l’oppression
la danse dans l’oppression
les larmes dans l’oppression
le tam-tam dans l’oppression
Tuent la conscience
l’opprimé
ne rit pas
ne chante pas
ne danse pas
ne pleure pas
il lutte
les armes à la main
Si tu joues
arrête-toi un moment
si tu flirtes
arrête-toi un moment
si tu fêtes
arrête-toi un moment
si tu pries
arrête-toi un moment
si tu erres
arrête-toi un moment
le jeu dans l’oppression
le flirt dans l’oppression
la fête dans l’oppression
la prière dans l’oppression
l’errance dans l’oppression
Tuent la conscience
L’opprimé
ne joue pas
ne flirte pas
ne fête pas
ne prie pas
n’erre pas
il lutte
les armes à la main
jusqu’à la victoire…
« Ezélé – Arrête-toi un moment » est une composition musicale créée à partir de deux (2) poèmes ; le premier écrit en langue myènè par le musicien («Ezélé » qui signifie « non »), et le second en français par Pierre Edgar Moundjegou (« Arrête-toi un moment »). Cette chanson produite à deux mains prolonge la dynamique de combat contre « l’oppression » liée à la colonisation, au paternalisme néocolonial, à la corruption, à l’esclavage: « Si tu bats le tamtam/ arrête-toi un moment ». Le mot «Ezélé », scandé par les chœurs sur des notes empreintes de légèreté et de lyrisme, vient nourrir cette opposition indignée, ce refus de continuer à évoluer dans la pauvreté et la misère qui « tuent la conscience » et anéantissent toute forme d’espoir. Le but du parolier consiste à poser un cadre de combat transposable dans toutes les occasions de la vie, et annonciateur de la démocratie et de la liberté : car l’opprimé « lutte / les armes à la main / jusqu’à la victoire ». |
3. Mbela
Refrain: Kokoko ye Koye koye kokoye
I
Mbela yere twe go Koko ntyandya
Ah! Mbela mèyono ntyandya
Ntye ye dwan’ isèkè.
II
Mbela yere twe go « Koko enomo
Ah ! mbela mèyono enomo
Ntye ye dwane ndyoli.
III
Mbela yere twe go Kok’omanda
Ah! mbela mèyono omanda
Fang’ awenge saya.
IV
Mbela yere twe go Kok’ogwera
Ah ! mbela mèyono ogwèra
Fanga awana Fanga
Pont: Inongo nyi mbela
Mbela yere pèn’oma
Inongo nyi mbela
Mbela yere mino
Awenge wate go dyong’ado
Awenge w’abeni ikuwa bo
Ndo Azwé w’ozombe na ve ?
mpaga no mbora ! – oma re mya
I
Cet appel ne devrait pas intervenir
La saison des pluies durant
La terre étant trop sale.
Refrain : Et il intervient pourtant.
Il
Cet appel ne devrait pas intervenir
La saison sèche durant
La terre étant trop ferme.
Refrain : Et il intervient pourtant.
III
Cet appel ne devrait pas intervenir le jour
Certains y perdraient la face.
Refrain : Et il intervient pourtant.
IV
Cet appel ne devrait pas intervenir
La nuit de peur que
Les enfants ne prennent peur.
Refrain : Et il intervient pourtant.
V
Combien est curieux cet appel,
Qui n’épargne personne.
Curieux cet appel à propos duquel
Nul ne peut faire Ia sourde oreille.
Les uns élèvent pierre sur pierre.
Les autres s’affublent de protections
Et nous autres, pauvres gens,
Où attendons-nous cet appel?
N’importe où !
Et n’importe quand!
« Mbéla » qui signifie «l’ appel » en langue myènè fait plutôt référence ici à l’appel de l’au-delà (la mort). L’appel que l’on n’attend pas et auquel personne ne veut répondre : il intervient en toute saison et ce n’est jamais la bonne, il n’épargne personne ( riches ou pauvres) malgré les protections. Il intervient n’importe où et n’importe quand. |
4. Ntyango
Refrain: Ntyango, ntyango mpolo
Ntyo a poswa
Oma g’omedu
Ka dwanare nonga
Alakalaka oroyi poké
Alakalaka se pila ni mpono mpolo
Ntyango mèyo ntyugu
We tèwa yo
Orna g’omedu ka tatamina
Oratamini ntina n’imbe sawo
Oratamini n’igewa g’orema
I
Intyo nyi ndaka
Ntyugu mèyo
Ka dwanare Kendekendé
Il
N’orem’o-tonda ntyugu mèyo
Ka tonda
Ka tondere simati
III
No nyama mbendi
Ntyugu meyo
K’ogune wa dungo nyonwa yè.
Refrain: A l’annonce d’une grande nouvelle
Tout d’abord, tout un chacun
Demeure pantois
Puis il s’en va furetant
L’oreille à l’affût des nouvelles
Qui circulent dans la grande rue
Mais cette nouvelle-ci,
Le jour où elle tombera
Tout un chacun tremblera
Les uns se souvenant de leurs méfaits
Les autres sous l’effet de la joie
I
Ce jour-là, même « œil taquin »
Se tiendra coi
Il
Ce jour-là, « Cœur Epris » lui-même
Aimera sans passion
III
Ce jour-là, « Animal Féroce »
Cet autre se déridera
« Ntyango », qui signifie « nouvelle » en myènè, fonctionne comme un chant à la fois triste et gai entièrement porté par des voix féminines. La soliste et les chœurs insistent sur l’annonce future d’une « nouvelle » énigmatique qui viendrait ébranler les certitudes des uns et des autres et plonger tout le monde dans la stupeur : « Ntyango mèyo ntyugu / Wétèwa yo / Oma g’omedu ka tatamina ». Toutefois, un énorme mystère entoure cette grande « nouvelle ». Évocation de la souffrance ou de l’espérance, du malheur ou du bonheur, de la haine ou de l’amour, du châtiment ou du salut, cette situation d’attente met les hommes en émoi – que ce soit « Œil taquin », « Cœur épris » ou encore « animal féroce ». S’agit-il de l’annonce du Jugement dernier ou d’un simple rendez-vous avec notre Conscience ? Toujours est-il que ce jour fatidique, avec son arrière-fond de rumeurs et d’angoisse, sera celui de la métamorphose de notre être et de nos sentiments diversement et profondément troublés. |
5. Lababa
I
G’alonga my’ aluwo ndego n’otangani
Go g’eliwa z’akuku
Mbamb’ onaga be temiza mye
A manè mye ga reve
Nte nina mpilingwè
Igamba ny’atanga ny’ande me nyino
Onambi wami wi mponde
Ge be bamunya mye Fa
Ofe w’otangani Kawo ona
Aboriwo boroto
Nyala nyala swama swama
Mye gi Kombana n’onambi wami
Onama wi mponde
Ni be sazuna g’esekwenomba
A manè mye my’ateni eranya
Refrain :
Ovago ayogwé
Nw’arondé selia
Ntyo nwe dyen’ omori Iababa
G’igali nkala
II
Ge ke sozina mye minisè
Ayè ne mye ga zindine
Ayè nè mye ga gambinege
Vo nago y’ Anyambyè
Yere nango tele.
Commanda a towa mye nè nkago
Ayè be dyandyiza mye osako tele
Imè! imè !
Agombe mazo, abot’iwazo n’arere
Awan’iwazo gotizani Eguruguru :
« Fala w’abongi ntye »
Ntyo nwe sovuna n’otangani
Nw’aniniza ewondyo
Ndyogu ntyo ye nyena okan’wo
Mènè ni mbani
Ye be nyena wè
I
Autrefois là-bas sur les bords de la lagune
Que sillonnent les pirogues à voile,
Je m’étais fais un ami
En la personne d’un homme blanc.
Mais un beau jour,
Au cours d’une baignade dans la lagune
L’ami blanc me faussa compagnie
Après m’avoir fait faire un plongeon
Et quand je revins à la surface
Combien grande ne fut pas ma colère
En le voyant s’éloigner drapé
Dans mon unique pagne, mon pagne mponde
En grandes enjambées
Tout nu, tout nu, je le poursuivis
Pour récupérer mon bien
Et lui s’en allait toujours tout droit devant.
A peine étais-je parvenu
A la hauteur de la petite colline
Qui surplombe le village
Que les notables me prirent pour un fou
Et depuis, je passe pour l’être
Refrain: Vous hommes du peuple
Et vous gens de bien
Ne vous moquez donc pas de moi
On ne peut plus embarrassé, je le suis.
Il
Alors, je suis allé me plaindre
Chez le prêtre missionnaire
Celui-ci me dit de ne pas m’en faire
De prier toujours
Et dire que son enseignement
Interdit de déambuler tout nu à l’église!
Quant au commandant,
Il m’a traité de singe
Et il m’a soumis aux travaux forcés,
A débroussailler tout nu
Quels Gens!
Quels Gens!
Ancêtres, mères, pères
Et vous générations montantes
Prêtez attention à ce chant du dindon
Qui dit en substance:
« EGURUGURU FALA W’ABONGI NTYE»
S’il vous arrive de faire une baignade
Avec cet homme blanc
Ne gardez pas la tête sous l’eau
Et dites-vous bien
Que si l’éléphant est en train
De dévaster aujourd’hui
La plantation de votre voisin,
Demain ou après-demain
Ce sera la vôtre.
Dans la chanson « Lababa », le musicien questionne la crédulité et la générosité primitives du Noir. L’illustration de cette naïveté se fait jour à travers le récit vraisemblable d’une partie de « baignade » au cours de laquelle l’ami blanc subtilise, par ruse, l’«unique pagne mponde » de son compagnon noir. Aussitôt sorti de l’eau, ce dernier se lance, tout nu, à la poursuite de son acolyte afin de récupérer son « pagne » symbole de ses racines ancestrales, de son patrimoine culturel et de sa terre. Du fait de l’état de nudité dans lequel il se trouve désormais, le narrateur passe tour à tour pour un fou aux yeux des « notables du village », puis pour un primate devant le commandant. Et face à sa souffrance, le plaignant sollicite l’arbitrage des autorités religieuses qui va s’avérer contre-productif ; car le « prêtre missionnaire » lui recommande la prière, tandis que le commandant le condamne aux « travaux forcés » pour attentat à la pudeur. De cette anecdote qui pointe la complicité et l’inaction des autorités face à la déchéance matérielle, culturelle et spirituelle du Noir, le chanteur appelle à plus de vigilance face au colonisateur : « Ntyo nwe sovuna n’otangani / Nw’aniniza ewondyo ». . |
6. Mo Nyoni
Vó g’avil’okuwa gere nwo nyóni
Yere ntcho mi dyóna, edyóna
Ntcho mi dena, edena
Ntcho orèma we ndyandja, epóvia
Nwo nyóni we, nyóni we …
Ndindindindindindindi oyaya !
Gere nyóni ye djemba n’ekèwa
Yere ga myè
Nwo nyóni we, nyóni we …
Ndindindindindindindi oyaya!
Dyó wa numbo go ntche yó waye
Aw’asongi myè g’eluano zi nyóni
Nwo nyóni we, nyóni we …
Ndindindindindindindi oyaya!
Dyó aw’adywuno no rerè, waye
Awè nè ntchanga y’asumi
Nwo nyóni wè, nyóni wè …
Ndindindindindindindi oyaya!
Ntyugu ye perino wè n’iniva gn’orèma
A mungwè aw’ateni nwo nyóni
Nwo nyóni we, nyóni we …
Ndindindindindindindi oyaya!
Oma we dèwa n’obeli n’amyeni s’obeli
Om’etèka ni nyóni n’amyeni si nyóni
Nwo nyóni we, nyóni we …
Ndindindindindindindi oyaya!
A mungwè m’ateni nwo nyóni
Nwo nyoni wè, nyoni wè …
Ndindindindindindindi oyaya!
Yóng’aningo ndjóngóni, ponozo g’igono
O ! tindi nwo nyóni
A mungwè, g’eluano zi nyóni
Là-bas d’où je viens, il y a un tout petit oiseau
Qui rit quand je ris
Qui pleure quand je pleure
Quand mon cœur s’emballe, il se met à débiter un flot de paroles
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Il y a cet oiseau qui chante avec tristesse
Il me ressemble
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Quand tu rencontres l’adversité dans ton pays, mon ami
Tu me rejoins dans mon existence d’oiseau
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Si tu viens à perdre ton père, mon ami
Ton drapeau est en berne
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Le jour où tu viens à perdre un être précieux
Ami, tu es pareil à cet oiseau
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Qui partage le lit avec un malade, c’est lui qui connaît la souffrance du malade
Celui qui se promène avec l’oiseau, c’est lui qui connaît le vécu de l’oiseau
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Frère, je suis ce petit oiseau
Le petit oiseau, le petit oiseau
Chante comme ma cithare
Y a plus qu’à boire l’eau comme la poule qui, le faisant, regarde le ciel
Oh ! Comme le petit oiseau
Mon ami, acceptons cette vie de l’oiseau
Métaphore de la vie humaine avec son lot de souffrances et de lueurs, « Nwo nyoni » est une chanson qui narre la communion parfaite entre un petit oiseau et le parolier. Le narrateur raconte en effet que dans son lieu de naissance vit un petit oiseau qui vibre au rythme des émotions et des comportements humains. Ainsi, le petit animal ailé partage simultanément les mêmes sentiments que l’homme et passe le temps à reproduire les actions de son double bipède : rire, pleurs ou chansons. Si leur relation fusionnelle accroît leur complémentarité, elle accentue aussi la vulnérabilité de l’un et de l’autre. Pour le chanteur, chaque individu devrait se tenir aux côtés de son petit oiseau, afin de préserver la pureté de son cœur et suivre une nouvelle voie spirituelle. « Nwo nyoni » symbolise donc la conscience du soliste, le trait d’union entre le ciel et la terre, en même temps qu’il incarne la liberté et la miséricorde divines. . |
7. Eseringila
Contre quel peuple ennemi
Les alliés marchands de canons se prêtent-ils?
Mercenaires et centrales atomiques?
– N’est-ce pour mieux exterminer notre peuple,
Notre peuple déjà soumis au pillage ?
… Mais c’est un scandale, un vrai scandale!…
Africa a a a … g’osènge wa rerè gere nè
Ntcho igamba ivolo to
Oma n’intcho gnè
Ntcho ntchango mbe
ogwana gmbo
Il
Contre qui ?
Contre quel pouvoir ennemi le peuple de l’usine
Arrêtant la machine se met-il en grève?
– Travail égale salaire, lance-t-il
Pendant que les Flicoloques discourent sur la conscience professionnelle.
A la table du patron?
… L’argent, même volé,
Va toujours dans les poches de ceux qui en ont déjà.
La culture c’est pareil!
C’est un scandale, un vrai scandale!
Africa a a a … g’osènge wa rerè gere nè
Ntcho igamba ivolo
To oma n’intcho gnè
Ntcho ntchango mbe
ogwana gmbo
Ebembakana gere oma we koko zwè n’ Eseringila
Nanana … z’Olando
Ezel’igamba. A tata ezel’igamba
Eze’ligamba gn’e pera yè n’isoromina
Ayè n’arakili zwè igamba gni Soweto
Awa w‘anombe ge djono wawo n’itangani
G’itèka n’ibala
Ayè n’arakili zwè igamba gni Palestine
Nanana Palestina!
Okendekende we zele
Ntye y’Africa y’anivo
ZIMBABWE, NAMIBIE, CANARIES
Ntchina ya nombè ye soza (bis)
LUMUMBA, TCHAKA, RABAH
SAMORI TOURE, CABRAL, KIMBANGOU,
NKURUMAH, BEHANZIN, MATSUA …
Ayogo wa towa yè nè nkende
We djógó ger’ Eseringila nè mya g’alwanere nè myè no nkende
Nkende, nkende, nkende, nkende, ng’iyè
Kaw’oma
Ndo nkende, nkende, nkende, kè oma
Ayè vignu nè walani myè vóvó (bis)
Inkende sere s’ignenge g’omanda
Zèlyani myè n’aguga
Ref : Africa a a a … g’osènge wa rerè gere nè
Ntcho igamba ivolo to
Oma n’intcho gnè
Ntcho ntchango mbe
ogwana gmbo
Myè y’ayèni nwè gno nó
OKAMBI g’agoti yè ignoyi :
» Ke ke ke …
MASENI abulya nè (bis)
Eseringila g’awong’izè n’izè
Ayè tora g’osèng’a rerè »
A igamba gnere suma ger’awana wi ntye :
Wa NKOMBE, OGOULA, EKAFI, ARONDO, ILOMBE
Tet’omóri teta wawo dudu.
Wawo nè tevore mbora
Eseringila agende (bis)
Eseringila kè Okongo w’edingo kè wuwè
– Wali dene (bis)
– Ayay’Eseringila – wali dene wali dene, ngwè wali dene
Eseringila zi Nkam’awungwè ngwè wali dene
MARONGÈ n’egozo n’anambi onambe w’igówi, ayè nè wali dene
NKOMBE nkembe nkembe n’agoti mbara
N’igónga, ayè nè wali dene
ARONDO ne siga ezigo, ayè nè wali dene
ILUMBU ni Mpiri n’inanga, ayè nè ngwè wali dene
IWENGA g’iwenge ndjembe n’anto-ndjèmbè, nè wali dene
EKAFI ayè nè: « Nèno-a-nèno, zwe pung’imbero wali dene“
« Ozodi, Ozodi, poisson boir di l’eau, di l’eau boir poisson, »
Ompuma n’aliwini nguwa, ayè nè ongwè walidene
Nkenwe n’avung’OGOULA igówi ayè nè walidene walidene
AYELE netavazi puwa ayè nè ongwè walidene
OGOULA ni mpovo n’Ikondi ayè nè walidene
AFRIKITA n’etolizè ayè nè ongwè walidene
EKAFI n’ising’ivolo ayè nè walidene
IWENGA g’iwenge ndjembe n’anto ndjembe nè wali dene
Wali dene wali dene …
Contre quel peuple ennemi
Les alliés marchands de canons se prêtent-ils?
Mercenaires et centrales atomiques?
– N’est-ce pour mieux exterminer notre peuple,
Notre peuple déjà soumis au pillage ?
… Mais c’est un scandale, un vrai scandale!…
Refrain: En Afrique, dans la cité de nos pères,
Il y a une consigne, à savoir:
Lorsque un événement survient,
– Vous n’avez rien vu !
S’agit-il d’une catastrophe?
– Vous la bouclez.
Contre qui ?
Contre quel pouvoir ennemi le peuple de l’usine
Arrêtant la machine se met-il en grève?
– Travail égale salaire, lance-t-il
Pendant que les Flicoloques discourent sur la conscience professionnelle.
A la table du patron?
… L’argent, même volé,
Va toujours dans les poches de ceux qui en ont déjà.
La culture c’est pareil!
C’est un scandale, un vrai scandale!
Refrain: En Afrique, dans la cité de nos pères,
Il y a une consigne, à savoir:
Lorsque un événement survient,
– Vous n’avez rien vu !
S’agit-il d’une catastrophe?
– Vous la bouclez.
Heureusement pour nous, qu’il y a Eseringila
Ce personnage aux jambes flûtées,
Toujours à l’affût des nouvelles.
C’est lui en particulier
Qui nous a détaillé la situation à Soweto:
– Les enfants noirs qu’assassinent les hommes blancs.
C’est encore lui qui nous a éclairés
Sur le problème Palestinien …
L’Afrique est vraiment une poudrière,
Parce que terre encore conquise.
ZIMBAWE! NAMIBIE! CANARIES! …
Le sang des patriotes noirs gémit,
Le sang des combattants de la libération crie …
LUMUMBA, TCHAKA, RABAH
SAMORI TOURE, CABRAL, KIMBANGOU,
NKURUMAH, BEHANZIN, MATSUA …
Mais voilà que les gens de bien, ces gens-là,
C’est alors que moi, témoin de tous ces événements,
Je vis OKAMBI, l’orateur
Prendre la parole au nom de l’ethnarque;
« Ké, ké, ké, MASENI ordonne
MASENI ordonne qu’ESERINGILA plie bagage,
Qu’il quitte la cité de nos pères,
La terre où il est né. »
Mais ces quelques mots étaient à peine lancés
Que « les enfants du pays »
Les patriotes NKOMBE surnommé l’astre solaire
OGOULA la tempête, EKAFl le guerrier
ARONDO le chant de la perdrix
ILOMBE et j’en passe,
Tous comme un seul, s’élevèrent contre l’ordre du tyran:
«ESERINGILA ne partira pas.»
Et se tournant vers ce dernier en pleurs
Chacun lui disait: «Grand frère ESERINGILA
Ne pleure pas, ne pleure pas. »
MARONGE coiffé d’une chéchia
édifia la stratégie de la bataille,
NKOMBE, badigeonné avec l’ocre jaune
Et le kaolin, se saisit d’un javelot et d’une lance,
ARONDO s’empara de l’EZIGO,
Les deux bûches de bois rouge
Dont la poussière a des vertus qu’elle seule connaît,
ILUMBU s’empara de son épée magique
MPIRI N’INANGA -l’obscurité et la clarté lunaire,
IWENGA se retira avec ses consœurs
Dans le lieu-dit IWENGE NJEMBE;
Chacun à sa manière réconforta ESERINGILA
« Ne pleure pas grand frère, ne pleure pas. »
EKAFI jura « Ojodi, Ojodi, poisson boir di l’eau, di l’eau boir poisson, »
Et ce disant il alla chercher le mbero,
La bombe artisanale,
OMPUMA porta le bouclier
NKENWE initia OGOULA à l’art-du combat,
AYELEE prit la natte étoilée…
OGOULA s’arma d’un harpon et d’une arme nommée IKONDI
EKAFI utilisa l’lSINGA pour cerner l’ennemi
AFRIKITA prit grand soin de préparer
L’ETOLlZE, la potion qui redonne la vie
Chacun rassura ESERINGILA:
« Ne pleure pas grand frère, ne pleure pas ».
Le chant « Eserengila » relate, sous la forme d’un récit épique, le combat du personnage éponyme contre les problèmes sociopolitiques qui déstabilisent les pays. Ce visionnaire engagé, « Toujours à l’affût des nouvelles », sillonne le monde tel un reporter en dénonçant les inégalités salariales, les systèmes tyranniques, la prévarication, les guerres et les crimes oubliés (assassinats des enfants noirs à Soweto ou exécution des combattants de la libération). A cause de sa verve dénonciatrice, « l’ethnarque » MASENI le bannira de sa terre natale. Mais cette décision inique provoque la mobilisation et la révolte de tous les patriotes : NKOMBE (l’astre solaire), OGOULA (la tempête), EKAFI (le guerrier), etc. S’ensuit l’effervescence autour des préparatifs du mouvement de résistance et du combat à venir contre le tyran, avec l’évocation des armes de guerre (lance, épée, javelot) et des symboles mystiques (l’ocre jaune, l’« ETOLIZE, la potion qui redonne la vie »). La chanson s’achève sur le réconfort des « enfants du pays » à ESERENGILA le proscrit : « Ne pleure pas grand frère, ne pleure pas ». |
Il y a une coquille dans la traduction au niveau du deuxième paragraphe : l’arracheur de plumes c’est Eswabowa et non Eswangongo.
Bonjour M. NKAMBANOGO,
Tout d’abord merci pour votre observation.
Concernant la coquille que vous relevez au paragraphe 2 de la traduction de la chanson Eswangongo, il convient de prendre l’expression dans son intégralité : « Eswangongo Eswabowa » signifie « Eswangongo l’arracheur de plumes ».