Catalogue des albums / singles

Gorée

Gorée

AnnéeTitre de l’album 
1972Ghalo Ghalo
1974Nkéré
1974Nandipo
1975Likwala
1976Afrika Obota
1976Ndandaye
1977Ewawa
1978Olando
1978Eseringila
1978Afrika Salalo
1979Elowè
1979Owèndè
1980Mengo
    –Ndjuke
1981Isamu y’apili
1982Awana w’Afrika
1983Mando
1984Réveil de l’Afrique
1986Sarraounia
1986Piroguier
1986Ka’ bo
1987Passé composé
1988Espoir à Soweto
1989Quête de la liberté
1990Silence
1993Lambarena Bach to Africa
1995Maladalité
1996Carrefour Rio
2000Obakadences
2004Ekunda-Sah
2005Mandji 2005
2006Gorée
2008Vérités d’Afrique
2010Mondjo
2010Mandji Ebwé
2011Dyawo
2013Destinée
2016Libérée la liberté
2017Gabon, éveil de la conscience patriotique
2018Gabon libéré
2018La couleur de l’Afrique

1. Gorée

Gorée mo nenge nyango nyango
Ndo elombe evolo
Gorée aye aye ayiya o!
Gorée langila ga ngóri y’olala
Gorée aye aye ayiya o!
Gorée, winó arang’oyembo, zinó edingo
Gorée aye aye ayiya o!
Mo ndowo langila Gorée
Mo ntye y’Afrika langila
Gorée aye aye ayiya o!

La a a a e-la e-la e-la
Elomb’elala
A Gorée mo ngani (bis)
Gorée o ! o ! o !

Gorée ntye ya koro
Dyó awana wa kolo
Gorée aye aye ayiya o!
Mo ndowo dale dale
Gorée aye aye ayiya o!
Gorée bo kè mbe dale
Gorée aye aye ayiya o!
Y’awana w’afrika w’alewane Gorée
Gorée aye aye ayiya o!
O ! wayi dene Gorée, in’ignó gna te gore
Mbe dale
Iyo Gorée we dena
Iyoko
Myè dena …

Mo nenge langila ga ngóri y’olala
Gorée arang’oyembo, zinó edingo

Gorée est une toute petite île
Mais son épopée est grande, grande

Refrain : Gorée …
Une petite île que l’on aperçoit tel un long cou émergeant des eaux fragiles

Gorée, ceci n’est pas chanson
Mais des pleurs

Gorée, bouée de sauvetage
Bouée de sauvetage pour la terre d’Afrique

Gorée, qu’elle est longue, longue ton histoire !
Gorée, le pays est enchaîné, si ses enfants sont achetés.

Gorée, au milieu des eaux, bouée de sauvetage pour les enfants d’Afrique mais aussi
pour ceux au-delà des océans.

Les enfants d’Afrique ne t’oublieront jamais, Gorée
Non ! ne pleure plus, ne pleure plus Gorée
Ton nom est désormais symbole de fierté.

« Gorée » est une mélodie en langue myénè à la fois rayonnante et émouvante où le chanteur évoque la question de la traite transatlantique. Afin d’éviter de succomber au silence et à l’oubli, il réactualise le débat sur l’esclavage et recourt à une antithèse illustrée avec emphase, lorsqu’il oppose la faible superficie de l’île à la grandeur de son histoire. Il en appelle ainsi à la nécessité d’un travail sur la mémoire collective impartiale sur la traite négrière. En réalité, Gorée revêt une double signification en ce que, premièrement, elle symbolise les nombreux forts et comptoirs par lesquels transitaient les esclaves. Et, deuxièmement, cet îlot incarne « la fierté » dont les réverbérations sur « les enfants d’Afrique » et ceux des diasporas contribuent à l’éclosion d’une nouvelle écriture de l’Histoire du continent.

2. Bekelia

En cours de traitement…

Etrange, étrange est la vie
Qui suis-je et que suis-je donc venu faire ici et maintenant ? Ma vie
Il est à peine imaginable que je sois venu au monde pareil à tout autre. Ma vie
Au pire des cas, il m’arrive même d’être pris fou par le fou
C’est ce que me rapporte mon oreille qui entend tout ce qui se dit de moi en mon absence
Essayez donc vous aussi de partir en laissant votre oreille à l’écoute de
propos des vôtres sur vous. Ma vie
Qu’il y a-t-il donc de si différent entre l’autre et moi ?
Je cherche à comprendre, je me révolte, je désespère mais en vain. Ma vie
La seule espérance ? La joie des retrouvailles avec les miens au séjour des divinités
dont je suis messager ici et maintenant. Ma vie
L’âme est immortelle
Le corps est semblable à de la faïence, fragile
C’est pourquoi, toi qui es cassant envers moi,
n’attend pas de moi d’être médisant envers toi.
C’est pourquoi, toi qui me voles, n’attend pas d’être volé à ton tour par moi. Ma vie
Haïssez, haïssez, haïssez-moi,
Quant à moi je ne saurai haïr personne étant tous à l’image de Dieu notre Père,
Toi tu connais la nature étrange des ingrédients dont
L’abeille se sert pour faire son miel, tu te régales goulûment pourtant de ce miel,
Tu t’en lèches, pourlèche les babines. T’as vu ta vie ?

« Bekelia » est une complainte ponctuée de bienveillance. Les paroles expriment les tourments d’un poète incompris et l’espoir d’une justification divine. Le poète apparaît ici comme un questionneur qui arpente les chemins escarpés de l’âme humaine avec son lot d’insatisfactions. Conscient de la vanité de ce monde et des inconstances de l’homme, il se console, à l’image du sage et du prophète, de la justice divine, celle qui fait don de l’immortalité à l’âme juste. « Bekelia » c’est donc le cri du héraut qui, mu par l’espérance d’une justice sociale rendue par Dieu, murmure à l’être humain encore insensé l’urgence de cultiver la vertu.

3. Tous Nos Maux

J’ai trouvé tous nos maux
Il y a trop d’ego
Ou pas assez d’égaux
Aveu – désaveu !
Ma terre endettée
Par terre parrainée
Sur terre, sur armée
Sous terre, sous louée
Pas normal, pas normal
Pas normal et loin d’être moral
Tous nos maux ! tous nos maux !

J’ai trouvé
Tous nos maux !
Y-a pas que le parrain
Y-a pas que le malin
Y-a pas que le voisin
Aveu – désaveu
Ma terre bien aimée
Entre fleur du mal
Et pensées violées
Mon casse-moral
Pas normal, pas normal
Pas normal et loin d’être moral

Tous nos maux ! tous nos maux !

Le chant « Tous nos maux » est l’expression d’une âme écorchée, témoin de l’injustice sociale qu’elle vit. A partir d’un jeu de mots sur les maux dont il égrène le chapelet, le poète, dans un style haché, à travers ses paroles musicales, martèle avec une virtuosité saisissante l’esprit d’un auditoire avisé et y insinue des mots d’indignation et d’insurrection face à la violence des maux qui fragilisent le pacte social : « J’ai trouvé tous nos maux / trouvé tous nos maux / Il y a trop d’egos ou pas assez d’égaux ». Texte incisif, aux accents quasi guerriers (voire épiques), la chanson « Tous nos maux » éveille la conscience de l’opprimé et l’engage à résister contre la culture de l’oppression.

4. Beau Pays bô

Beau, beau mon pays bô
Mon beau, mon beau pays bô !
Ah qu’il est beau mon beau pays bô !
Mon beau, mon beau pays bô !
Ah qu’il est beau mon beau pays bô !
Mon beau, mon beau pays bô !
Ngozo’awe kenda ge kendo
Alewan’imbiasabuno, mon pays bô
Pays, mon beau mon pays bô
Mon beau, mon beau mon pays bô !
Ah qu’il est beau temps
Beau pays bô
Mon beau, mon beau pays bô !
Beau temps beau pays-hé, pays …

Pays, mon beau pays bô
Mon beau, mon beau pays bô !
Ah ! qu’il est beau lieu !
Beau pays bô
Mon beau, mon beau pays bô !
Beau lieu, beau pays-hé
Pays-hé

Beau pays bô
Beau pays bô
Ngozo’awe kenda ge kendo
Alewan’imbiasabuno, mon pays bô !

« Beau pays bô » est un cantilène qui célèbre la beauté langoureuse d’une terre d’exception marquée par les traites négrières et l’esclavage: l’Afrique. Dans ce poème à structure répétitive, le dialogue parfait entre l’expression française « beau pays » et l’interjection en langue myénè « bô » produit un jeu de sonorités et crée un rythme hypnotique qui amplifie la beauté du lieu décrit de façon à emporter l’auditoire dans la douceur et la fluidité de cette transe. Et au cœur de cette atmosphère splendide, les descendants des esclaves – symbolisés ici par le perroquet (« Ngozo ») – sont invités à conserver intactes dans leur mémoire leurs racines africaines et leur douloureuse histoire.

5. Yemba Gorée

GORE mbe dale
Antyoni mepova mo yaye, mo yaye
Galo eningo
Ze pandine nenge

GORE wali dene
GORE wali dene
Edingo ze koga azile ntye azile
Awana w’akoro
Ndo inongo ayile

Dyaki dyaki mpo
Ngori daki daki
GORE oyembo no nkambin’orema
GORE orema e dena
Nte dyembo

Ref: Yemba yemba GORE!
Ngori y’olala dale dale
GORE langila nwo ndowo seyi seyi
GORE langila
Vo w’ayano go nyumbe

Aw’AFRIKA mbe dale
Vo awana we nwa nte nwo
GORE in’inyo
Ke gore mbe dale

Ntyugu ga ntyuguturwe
Ikewa ye rumb’ozege
Ndo idyombun’ipolo
Se kogunye kumu
Amani e pa mana
Kawo go kulwo gulwe

Nwo nwombi, nwo nwombi, nwo nwombi
Ye p’enyonga

Egombe ze wo dyo ne ntye vo
Egombe ze wo dyo ne ntye vo
We dyogo GORE simbe nwombi
E dyemba

Gorée au milieu des eaux
Les larmes coulent coulent
Ce fut comme une marée montante encerclant l’île
Gorée ne pleure pas ! (bis)

Des pleurs montent,
y’a malheur dans le pays !
Ils ont enchaîné nos enfants
mais notre race ne disparaîtra jamais !
Gorée, nom du bateau voguant sans attaches
Exprime alors sa grande tristesse
Gorée la chanson c’est l’expression du cœur
Gorée le cœur pleure comme on chante

Refrain :
Chante, chante Gorée !
Te voilà en détresse au milieu des eaux

Gorée tel un repère qu’on aperçoit
puis disparaît pour réapparaitre de loin en loin
Gorée te voilà en détresse
Toi qui es issu d’une famille nombreuse
Mais voilà que les enfants d’Afrique ont traversé les mers
Et ces enfants d’Afrique se battent comme il se doit !
Gorée, voilà que ton nom est honoré au-delà des mers
Chante, chante Gorée !

Chaque jour les vagues creusent le sable de la plage
Mais à trop balayer on finit par faire ressurgir
Autrement dit : il faut toujours garder la conscience en éveil.
Ma harpe m’aide à garder mes souvenirs
Au beau milieu de la nuit c’est Gorée qui chante sa nostalgie !

Martelé par les voix cristallines du chœur, le titre « Yemba Gore » (en français, « chante Gorée ») dévoile les aspirations de liberté que cultive l’auteur-compositeur à l’endroit de cette petite île au passé chargé. L’auditoire se laisse en effet ravir par cette allégorie de la liberté et de la paix de l’âme, par la description de ce lieu historique sous les traits d’une personne vivante. Et au-delà de la visée purement esthétique, le chant remplit ici une fonction cathartique pour le musicien, pour la forteresse elle-même et, plus généralement, pour les Africains afin de les aider à surmonter les traumatismes nés des siècles d’esclavage et de souffrances. Ainsi, tout en alternant des phases fredonnées et des paroles récitées, chanter avec des instruments traditionnels (les balafons, l’obaka) et modernes (la guitare, le synthétiseur entre autres) devient un acte thérapeutique à portée émotionnelle, cognitive et spirituelle, débouchant sur le rétablissement de la paix, la purification du lieu (voire du corps) et l’affirmation identitaire et culturelle.

6. Lenya Lenya

En cours de traitement…

Ref : Vide, vide, larmoyant

Enchaîner un être humain est acte contre nature
Mais vendre un être humain, est aliénation de toute l’espèce humaine
Capturés L’un était en train de défricher la terre,
L’autre, engager une partie de chasse,
L’autre puisait de l’eau
Il y en avait qui étaient en train de manger
Sans oublier ceux qui étaient en méditation
L’aliénation c’est nous-mêmes.

Nous voilà tous les larmes plein les yeux
Chacun face à son cœur conscience
Si seulement le nombre d’enfants que Mère a fait lui étaient restés,
Nous serions bien plus peuplés que les étoiles
Voilà que les toiles d’araignée ont envahi l’entrée du village
Comment alors éprouver du bonheur ?
Quelle sorte de bonheur ?
Tant de personnes par-delà les océans !…
L’aliénation c’est nous-mêmes.

Cependant, j’ai foi en Dieu
J’ai foi en l’avenir
En la réconciliation
Demain sera la fin de nos larmes.

La chanson au titre évocateur « Lenya lenya », qui signifie « lamentations » en langue myènè, est consacrée au rappel du souvenir d’un épisode sombre de l’histoire de l’humanité : la traite négrière. Le recours à une variété d’instruments – percussions, guitare, etc. – crée un rythme entraînant qui donne à cette complainte un caractère enjoué, malgré la gravité du sujet traité. La mélodie et la voix mélancolique du chanteur au premier plan révèlent une douleur lancinante, tout en mettant en valeur le chœur des femmes (symbole de l’Afrique) pleurant le départ forcé, puis l’asservissement de leurs enfants. Le texte s’achève malgré tout sur une note d’espoir qui préfigure l’amorce d’un dialogue franc et fraternel entre le Nord et le Sud et le rêve de la révolte triomphante de l’Homme Noir.

7. Ta’Nzambe

En cours de traitement…

Ref :
Dieu, mon Père, c’est Toi Koko-ni-Koko
C’est Toi qu’on appelle tout le temps
On T’appelle matin, on T’appelle soir,
C’est Toi Koko-ni-Koko
Surtout, surtout moi,
N’importe quand et n’importe où !
Que je sois seul ou au milieu de la foule
Je crie toujours Ton nom
Ta’Nzambé
Je t’en prie Père, ne Te lasses pas
Non Père, ne Te fâches pas
Ne Te lasses pas d’exaucer mes vœux.
Surtout, surtout moi,
N’importe quand et n’importe où !
Que je sois seul ou au milieu de la foule
Je crie toujours Ton nom
Ta’Nzambé
Je t’en prie Père, ne Te lasses pas
Non Père, ne Te fâches pas
Ne Te lasses pas de me tendre Ta main.

« Ta’Nzambe » est un chant en myènè érigé en prière et présentant des caractéristiques semblables à celles d’une poésie biblique. Ici, la douleur de l’esclave ou de l’exilé est mise en exergue par les supplications récurrentes et l’appel au secours lancé à Dieu au moyen d’un subtil syncrétisme fait de rites religieux traditionnels et de culture chrétienne : « Dieu, mon Père, c’est Toi Koko-ni-Koko / On T’appelle matin, on T’appelle soir [ …] / Surtout moi, surtout moi ». A travers cette conversation avec le Divin, l’homme souhaite faire abstraction de sa misérable condition, lorsqu’il prie en toute circonstance et en tous lieux pour l’exaucement de son « vœu », celui de recouvrer la liberté et de pouvoir jouir d’une nouvelle vie.

8. Awirondyogo

– Awiri yo !
– Yo !
– A ndyogo mbyambye !
– Mbyambye !
– Tie –tie- tie !
– Nyange !
– Asikwe !
– Oka !
– Borè ! borè ! borè ! borè ! borè ! borè ! borè !
– Ogandage e e e !
– O ! o ! o !

Ref : Evanda zi z’awirondyogo
Vèngo ! osanga vèngo g’ezele’osanga gezel’ogógó
Evanda zi, z’awirondyogo
sakala odyo sakala mbata
– Awiri yo !
– Yo !
Awirondyogo vo zw’a bangwa we
awiri nènó oyènano orèm’igewa
evanda zi, z’awirondyogo
sakala epamba sakala isemo
a ndyogo mbiambie ! – mbiambie
Ha ! ambia !
amendye , ogandaga, ozange
zw’abya pu ntyand’ivela móri móri
evanda zi, z’awirondyogo
sakala mpemba
sakala ntyege
tie tie tie nyange
Awiriye ! awiriye ! awiriye !
ingele sani ingele sa ga limbinore limbine
evanda zi ebire ngele
Ogandage e e ! o ! o o!

En cours de traitement…

« Awirondyogo » est un chant rituel entonné ici pour invoquer les esprits et célébrer les génies qui vivent dans le sous-univers du même nom. Comme dans les sociétés secrètes, le chanteur entame le cérémonial avec une formule de salutation et d’appel – « Awiri yo – yo !!! / A ndyogo mbiambie ! – mbiambie ! » – pour établir la connexion avec les ancêtres dans le but de s’attirer la protection, d’invoquer le don de divination, de susciter la guérison, etc. Et durant la phase de célébration de ce culte aux ancêtres où l’homme s’unit aux forces cosmiques, le musicien réalise une brève esquisse des ornements et accessoires au moyen desquels s’établit la communication céleste. La torche indigène (« odyo »), les plantes aromatiques offertes en sacrifice aux mânes des aïeux (« isèmo »), le tabouret (« mbata »), la clochette double en bois (« ntchégé ») entre autres, constituent autant d’éléments qui maintiennent l’atmosphère mystique et renforcent l’acclamation rituelle en l’honneur des divinités d’« Awirondyogo ».

9. De La Forêt

Myè kamba vónó se kambo
Se kambo ndo kawo wa bèndo
Sambo vó otumbosiro
N’osiro wi mya se re pa myo
Ngulu we buta yo
G’esorè, g’iga wógè
Erere ngulu mbe, olwav’ire
Ayoni n’imbwiri, n’ayama

Ref : Ils sont de la forêt, ils vivent de la forêt
Oui, ils sont de la forêt, ils vivent de la forêt

Mye kamba vónó se kambo
se kambo ndo kawo wa bèndo
sambo vó otumbosiro
n’osiro wi mya se r’oma mye
ngulu we buta yo
Go kalw’ekiti
isiki, isiki orwe, itw’ida
otóndó wè yufa wo nèga nèga

Dites-moi que je vous dise
Les progrès de la bêtise !
D’étranges étrangers chassent de la forêt
les pharmaciens du bon Dieu
tôles en bas, tôles en haut, c’est la ville
et leur vie dans notre ville c’est pas beau
Ah ! ces trucs sous cellophane ça abîme
et l’hôpital n’a que l’eau placebo

En cours de traitement…

Dans le titre « De la forêt », le chanteur expose clairement son opinion sur les souffrances des pygmées du Gabon – et plus généralement d’Afrique centrale. Tout en mettant à l’honneur les techniques vocales de ces peuples autochtones, il dénonce les ravages de la déforestation et les conséquences des « progrès » techniques et scientifiques sur l’habitat, le mode de vie, les pratiques culturelles et cultuelles de ces premiers détenteurs du savoir ancestral qu’ils puisent dans la forêt. Le musicien présente un tableau pathétique des conditions de vie de ces « pharmaciens du bon Dieu », chassés de la forêt par « d’étranges étrangers », ostracisés, confinés dans des habitats de fortune en tôles, mis au ban de la société moderne – avec pour tout traitement thérapeutique des placébos. Et pour appeler à la sensibilisation et à la prise de conscience collective de nos origines, la chanson s’achève sur une exhortation voire un cri de révolte dans un refrain scandé en chœur par le soliste, les choristes, et même l’auditoire : « Nous sommes de la forêt / Nous vivons de la forêt ».

10. Imbolwimbolo

Imbolwimbolo Keya, keya
mo kènda ze n’angandi
mo dèka na g’itumba
w’alewana
m’e ny’e dena, m’e dèwa e dena

Tuta tut’anka
Tuta tut’anka

Keya, keya
pele pele imena, imena
mo kend’a ze n’anandi
mo tigana g’itumba
anka, anka vika
Tuta tut’anka
Tuta tut’anka

Imbolwimbolo keya, keya
Mo kend’a ze n’anandi
mo tigana g’itumba
ntoboni aya ne nwungwe
izo g’izo

Tuta tut’anka
Tuta tut’anka

Keya, keya
pele pele, oh ! imena !
Mo kend’a ze n’anandi
Mo tigana g’itumba.

En cours de traitement…

La chanson « Imbolwimbolo » s’entend comme une forme subtile de célébration de la joie de vivre afin de détourner les hommes du malheur et de la mélancolie découlant de la séparation. Dès les premiers vers, le musicien procède à une comparaison entre l’état d’esprit de « celui qui s’en va », plein d’insouciance, et de « celui qui reste » – plongé dans des lamentations permanentes et une tristesse démesurée. Et les paroles soulignent l’irrationalité et l’aliénation fondamentales qui sous-tendent l’attachement à l’autre. C’est donc pour évacuer l’effroi et apaiser la douleur que suscite le départ de l’être aimé que les jeunes gens sont invités, en attendant le moment fatidique de la séparation, à jouer à des taquineries sensuelles sur l’air traditionnel de l’Ekunda. Ainsi, les danseurs survoltés, constitués en deux files, exécutent des mouvements gracieux, des gestes créatifs, des balancements de hanches, et créent des interactions émotionnelles et physiques sur un rythme endiablé.

11. Dedede

My aluligi isam’itondo
go nenge y’aluwo mye tata ni mama dedede
ndo ivang’inyona
nè tondo ga rigino kawo ndyina, dedede
G’avil’okuwa
my’ate vó kawo mye na mye, dedede
Powe n’Irondo wawo wa dyama wawo
Menga ni Ngozo wawo wa pandia, dedede
N’alaka we ! myè go dèng’ityango sawo
Dedede
Intyango sawo n’alaka …
Ikololo, ikololo g’okuwa
Ikololo oma vikilie
Elwano z’oma anka
Mango y’om’anka ye polo poso
Ye polo poso n’orèma Hm ! hm ! hm !
dedede ! o ! ngwe ! orèma o ! ngwe ! orèma
ogèndó w’ogwera om’anka … Dedede
yónó radeau ye dyama yumbe –yumbe
kawo mpugag’okuwa gogo kalanganyi
ibanga ni we ! ibanga ni we !
W’Oyangayanga, w’Ogulungulu wa Nkungu
rela rela ! amóri wa kongoma !
egombe no yè egombe !
Nd’ogèndo wi radeau olingo
ita ny’ikèmbè n’iguma vya
ke simbogo g’ilako
g’ikombana n’itutu, bolog’inkema, muvema !
muvema yi radeau ngwe !
muvema !
nkani go radeau sila sila
Ah ! sambo onwanto nkani ovita
Onome egógóró so se dyèko no
BOIS – REFUSE
Myè ngani my’amie nyo! my’amie nyo!
my’amie nyo!
Cinema yi radeau ongwe cinema
Ntyugu yinó ogulonkangwe !
Radeau g’ibaka yii
Ndyali yami go mbene domi
Bunda yi radeau, bunda mpondemponde
Mpondemponde
Sóró ! ombom’olalala …
Radeau pandyipandyi
Anaga go mbene kabukabu
Ibagino s’Anyambie, Anyambye ompolo
Ibagino s’Anyambie, n’ilombo
ilombo we !,
ilombo we !,

Ge be sapa mye veyi
Ga te myè vó kawo myè na myè
Dedede
Enomo vó zo mpakiliaga
Ndo ntye ndenge re bondyo enomo !
Dedede
Dedede oh ! de oh ! de oh !
Dedede oh ! de oh ! de oh ! de oh !

En cours de traitement…

La chanson « Dedede » ravive le souvenir de jeunesse d’un homme : celui d’une longue traversée en bateau et du naufrage qui s’en suivit. Le narrateur se remémore avant tout le bonheur qu’il éprouvait à cueillir des fruits capsulaires de couleur rouge issus de l’aframomum (« intondo ») sur l’île paternelle où il vivait en harmonie avec la nature. Ce bonheur fut interrompu par une disposition des autorités visant à protéger certaines espèces par la création de parcs nationaux. L’une des conséquences de cette décision fut la difficulté pour les villageois d’accéder à ces fruits qui seront désormais l’aliment de prédilection des gorilles. Affecté par ce changement, le jeune homme sauta sur un « radeau » qui voguait au fil de l’eau, vers une destination inconnue. Sont ainsi décrits, sur un rythme très lent, les haltes pour le ravitaillement dans des gîtes d’étapes (viandes de brousse, vin de palme, etc.) et l’ambiance sur le bateau. Mais à la suite d’une violente tornade, l’embarcation est projetée dans un fourré, le jeune homme perd son fusil qui tombe à l’eau, sur ce, un python surgit tandis que les billes du radeau se détachaient et que les passagers se retrouvent à l’eau dans un mouvement de panique généralisée.- Sauve qui peut ! A la fin, le chanteur remercie Dieu et les ancêtres d’avoir épargné la vie de tous les naufragés.

12. La Chanson De Gorée

GORE, GORE, GORE, GORE !
Ce matin-là à l’aube SOUS-RACE jeta l’ancre
SOUS-RACE c’est ce beau bateau-là
Lieu de la mémoire
La mémoire de la mer
Qui ramène dans ses vagues
Les souvenirs des drames
Qui viennent rendre l’âme
Sur notre rivage
Ref : Souviens-toi Afrika
De GORE Afrika
GORE, GORE, GORE, GORE !
Cinq coups de canon
En guise de téléphone
SOUS-RACE, c’est ce bateau-même
Qui avait emporté
La grand-mère de mon père
La grand-mère de ma mère
Et même les voisins et leurs voisins
Aux vampires du lointain
Ref : Souviens-toi Afrika
De GORE Afrika
GORE, GORE, GORE, GORE !
Malgré l’appel au calme
Des notables vaincus – traîtrise puant l’alcool
La terreur s’empara
De toute notre terre
Les tamtams se sont tus
Même les Dieux se sont enfouis
Vers l’arrière-pays
Au lieu-dit
TANT PIS NTYE PUTU NO YE NTYE
Ref : Souviens-toi Afrika
De GORE Afrika
L’histoire de GORE
C’est chanter comme on pleure
C’est pleurer comme je chante
GORE!
Malgré l’appel au calme
Course effrénée
Laurier-rose, volcan de la jeunesse
FLEUR DE L’ÂGE et sa promise
PATIENCE et même CONFIANCE
PRUDENCE et puis SILENCE
Fuite éperdue mais peine perdue !
Encore des coups de canon
Sous Race leva l’ancre
Sous Race, funeste bateau
Qui emporta
Sa cargaison enchaînée
Vers des terres inconnues
En passant par GORE
Salut à toi Ô Diaspora, salut à toi Ô Mère en larme
Veux-tu être cet enfant prodigue
Qui revient un jour vers le Père !
Pour le Père peu importe
Que son enfant fut
Noir, blanc, jaune ou rouge
Au-delà de la frontière de cette vallée des larmes
L’âme est incolore, l’amour est incolore
Souviens-toi !
TA’MUNGONGO N’AWOLI N’WOMBI
TA GHETABE G’OBAKA
MA’DETTE MA NKOMBE NDWANI
WINO NI NTYILWAGO
WINO N’EPAMBA Z’AGANGA
NO WE BE DYO’OBEMBE
NO WE BE DYEN’ODYO
NA W’OKUMU SAGA-SAGA G’OVEA
KAWO GO DANDUN’OMA G’INWANA G’INWANA
GORE, GORE, GORE, GORE !

« La chanson de Gorée » questionne à nouveau le projet de la traite négrière sous l’angle du retour des diasporas africaines et de la réhabilitation des us et des croyances ancestrales de l’îlot au moyen de la réapparition des divinités et des tamtams. Introduite et intercalée par des paroles criées en wolof (« Demb » qui signifie hier), selon les techniques oratoires semblables à celles des griots, cette mélopée déploie avec un sens prononcé de réalisme et une savante association du passé et du présent les souffrances endurées par les esclaves. Cette pièce musicale complexe relate le drame individuel du rapt dans « l’arrière-pays » de « FLEUR DE l’ÂGE et sa promise », comme leurs aïeux avant eux, puis leur embarcation dans les cales d’un « funeste » bateau négrier baptisé « SOUS-RACE » pour les emporter « vers des terres inconnues ». Écrire une chanson sur Gorée en mêlant le wolof, le français et le myènè, en superposant des mélodies et des intonations, revient à inciter à la lutte pour la liberté tout en témoignant de la beauté de cette île : « Souviens-toi Afrika / De Gore Afrika ».

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