Catalogue des albums / singles

Nandipo

Nandipo

AnnéeTitre de l’album 
1972Ghalo Ghalo
1974Nkéré
1974Nandipo
1975Likwala
1976Afrika Obota
1976Ndandaye
1977Ewawa
1978Olando
1978Eseringila
1978Afrika Salalo
1979Elowè
1979Owèndè
1980Mengo
    –Ndjuke
1981Isamu y’apili
1982Awana w’Afrika
1983Mando
1984Réveil de l’Afrique
1986Sarraounia
1986Piroguier
1986Ka’ bo
1987Passé composé
1988Espoir à Soweto
1989Quête de la liberté
1990Silence
1993Lambarena Bach to Africa
1995Maladalité
1996Carrefour Rio
2000Obakadences
2004Ekunda-Sah
2005Mandji 2005
2006Gorée
2008Vérités d’Afrique
2010Mondjo
2010Mandji Ebwé
2011Dyawo
2013Destinée
2016Libérée la liberté
2017Gabon, éveil de la conscience patriotique
2018Gabon libéré
2018La couleur de l’Afrique

1. Om’ayiya

Oma Ayiya
Egômbe zino
Mie re sugô
Mie re kakô

Mwawe eziwô enongwibanga
Akenda ogendo w’antô ake pung’aningô
Amane ezel’oma mwene esa g’ôsenge
Abe deng’ivolô ô sag’omanda

Refrain: Oma Ayiya etc.

Nkambi nkambi arevo mori
Adewe mbani kaw’itand’ise
W’etangô wawô g’inya indyogoni sa w’anaga
Nkambi ngani aye ke kôtô g’orambô

Refrain: Oma Ayiya etc.

A iguga edjovo gere zwe wozômbe
G’eseva zwe isoko okuwa’re onombe n’ogengelia
Ô pwa awè nkambi awe y’aluwô gô nyumbe
Aw’asinô nô ndegô

Refrain: Oma Ayiya etc.

Que personne n’ose
De ces temps-ci
On ne doit pas me provoquer
On ne doit pas me toucher

Mon camarade Eziwo « l’antilope cochon » le matinal,
a coutume de faire pipi aux aurores
On en a conclu que personne d’autre que lui
n’a pu faire caca ce matin
sur la place publique.
C’en est fait de sa renommée
et on l’accuse et on l’accuse.

Tenez, Nkambi, l’antilope cheval,
on lui a prédit seulement un jour de vie ;
il a vécu deux jours et cela à force de prudence.
Mais Nkambi ; oui Nkambi
s’est fait prendre
dans un piège destiné à Messieurs les Renards
qui viennent une fois encore de se servir
dans le poulailler des hommes ;
Ceux-ci ont tendu un piège,
Nkambi s’est fait prendre dans le piège à Renard.

L’infortune c’est notre bain quotidien à nous autres
pauvres gens –
mais les partenaires
de nos implacables
jeux d’enfants
n’ont jamais eu la même couleur de peau ;
il y a des noirs ;
il y a des clairs ;
A chacun son étoile
et toi pauvre Nkambi,
naguère si entouré
tu te retrouves sans un seul ami.

« Oma Ayiya » est une fable illustrant un univers où sont mis en scène les travers des hommes. La réalité sociale de la cruauté humaine est préfigurée par le pouvoir des accusations sans fondements et des préjugés portés à l’endroit des plus vulnérables, symbolisés par Eziwo l’antilope cochon. De même, cette inhumanité transparaît à travers la figure emblématique du Renard qui, par ruse et égoïsme, parvient à tromper les plus forts et à vaincre les plus faibles (Nkambi, l’antilope cheval). Face aux inégalités et aux malheurs qui accablent les plus vulnérables, le narrateur met en garde quiconque oserait s’en prendre à sa personne.

2. Le chant du coupeur d’Okoumé®

Voir album « Ghalo Ghalo »

Voir album « Ghalo Ghalo »

3. Poe

O ! isamu y’emèno
Isamu y’emèno
Poe ke koke ningo

O ! isamu y’omanda
Isamu y’omanda
Poe ke koke ningo

Poe Poe Poe
Mo nyoni nyango-nyango
Poe Poe Poe
Ke koke ningo mpolo
Inyoni, inyoni sa go ntçuwa
Sakalwi g’olando-abundje

Iye Poe Poe Poe bondolo
Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe bondolo

Poe Poe Poe etc.

Poe Poe Poe Poe
Hm
Poe Poe n’orèma Poe Poe n’itónda
Poe aye ke koke ningo
Ndo ningo na m’onaga mengo
Iye

O ! isamu y’emèno etc.

Inè gombizani Poe g‘ilando ya gunu
My’tome djuwa
Zizareni Poe g’irèm’iyani
My’tome djuwa
Poe myé tónd’awe kwanga g’idjuwa.

Oh, les choses de la vie !
Les choses de la vie
Voilà que Poe provoque la pluie
Etonnant !

Oh, les choses de la vie !
Les choses de la vie
Voilà que Poe, si petit, est à l’origine de la pluie
Poe, Poe, Poe, un tout petit oiseau
Poe, Poe, Poe, et pourtant si petit
est à l’origine d’une pluie diluvienne

En fait, c’est comme si les oiseaux de l’océan de l’ouest
avaient élu désormais domicile à l’est
Eh ! eh ! eh !
Etonnant ! hum ?
Poe, Poe, Poe, on n’en revient pas ! (bis)
Poe, Poe, Poe, un oiseau si petit si menu
Et voilà que Poe va provoquer une pluie diluvienne
C’est comme si les oiseaux de l’océan de l’ouest
avaient élu désormais domicile à l’est

Comment un oiseau si petit si menu
Provoque-t-il une si grande désolation ?
Poe, Poe, Poe
Hum, hum, hum …
Poe, Poe, Poe, c’est le cœur
Poe, l’amour
Poe provoque la pluie
Cependant la pluie et l’être humain sont inséparables
Etonnant !

Chassez Poe de nos contrées, je préfère mourir
Effacez Poe de vos cœurs, je préfère mourir
Poe Poe, Poe, je t’aime jusqu’à la mort

Poe est un tout petit oiseau de nos contrées. Poe habite le voisinage de la mer. La tradition dit que son chant provoque la pluie. La présente chanson est un cri du cœur né du contraste Poe-Pluie, une grosse-Pluie (« ningo mpolo »). En effet, il pleut ici au Gabon neuf mois sur douze. Et Poe est pourtant si petit … D’où la réflexion : « Inyoni, inyoni sag o ntçuwa sakalwi g’olando-abundje ».

4. Sesi

Mbwa anka ne songa Sesi
Sesi re G’isog’ikôni
Amori waw’we sônge Mbwa
Yé songe Sesi Sesi g’isog’ikôni

Ntçarô aye ne sônge mbani
Ndô mbani aye ne songe mori
Amori waw’wé sônge Mbwa
Ye sônge Sesi Sesi g’isog’ikôni

Otani aye ne songe nayi
Nayi aye n’e sônge ntyarô
Amori waw’wé sônge mbwa
Ye songe Sesi Sesi g’isog’ikôni

Mie ngani n’atômbô gô nyô
Mie ngani, mia mie nyô
Awéngé wateni arôyi dé
Awéngé orèma g’ilewé

Igômi e sônge enôgômi
Enôgômi e sônge enanayi
Amori waw wé sônge mbwa
Ye songe Sesi Sesi g’isog’ikôni

Mie ngani n’atômbô gô nyô
Mie ngani ma mie nyô
Awenge a’gôlô tètètè
Awéngé w’aténi ndwani mbwa

Sesi re na gwe ?
(Sesi re gi sog’ikoni) A
Ndo mbwa ?
(Mbwa re go singe Sesi) B
(g’isog’ikoni) A

Ndo mori ?
(Mori re go songe Mbwa) C
(Mbwa re go songe Sesi) B
(g’isog’ikoni) A

Ndo mbani ?
(Mbani re go songe Mori) D
(Mori re go songe Mbwa) C
(Mbwa re go songe Sesi) B
(g’isog’ikoni) A
Ndo Ntçaro ?
Ntçaro re go songe Mbani (D)
Mbani re go songe Mbwa (B)
Mbwa re go songe Sesi B
(g’isog’ikoni) A

Où est donc Sesi ?
Sesi est dans le bois pour couper
du bois
Et le chien ?
Le chien suit Sesi, qui est dans le
bois pour couper du bois

Et Un ?
Un suit le chien
Le chien suit Sesi, qui est dans le
bois pour couper du bois

Et deux ?
Deux suit Un
Un suit le chien
Le chien suit Sesi, qui est dans le
bois pour couper du bois

Et Trois ?
Trois suit Deux
Deux suit Un
Un suit le chien
Le chien suit Sesi, qui est dans le
bois pour couper du bois

Et Quatre ?
Quatre suit Trois
Trois suit Deux
Deux suit Un
Un suit le chien
Le chien suit Sesi, qui est dans le
bois pour couper du bois

Sesi est un personnage d’un jeu éducatif pour les enfants – à la fois un jeu pour apprendre à compter, à classer et un jeu d’élocution. C’est un jeu collectif sous forme de dialogue. Voici, dans une de ses variantes, un extrait du texte original en langue Myene (Gabon). La présente chanson tout en respectant ce jeu dans son esprit, en élargit quelque peu le thème, c’est ainsi par exemple qu’au PONT il est dit : « Mie ngani n’atômbô gô nyô / Mie ngani, mia mie nyô /Awéngé wateni arôyi de ».

5. Ogowe

Instrumental

Le fleuve Ogooué, Ogowe en langue omyéné, traverse le Gabon d’est en ouest et se jette dans l’Atlantique via un delta au sud de Port-Gentil. Pour restituer la musique de l’Ogooué, cette chanson instrumentale associe harmonieusement les voix humaines et celles des instruments. La présence de percussions telles que les hochets, les tambours, les cloches, les congas ou les rhombes bruitent l’exposition extrêmement réglée de la guitare acoustique. On assiste ainsi à la recréation des sons naturels perceptibles durant la traversée du fleuve en pirogue : envol des oiseaux, jaillissement de poissons, chuchotements du vent, échos des voix humaines accompagnant le flux serein de l’eau qui coule.

6. Sur le trottoir d’en face

Sur le trottoir d’en face une fille riait
Et ses dents blanches me creusèrent la faim
Je courus au boulanger m’acheter un petit pain
Et tout en le beurrant je pense aux paysans

Paysans, dès lors, décision est prise
Oui, j’irai, j’irai à travers la campagne
Offrir aux paysans dix ans de ma jeunesse
Connaître leur sort, leurs durs travaux des champs

Oui, nos champs n’ont rien de commun avec leurs ranchs
Ici pas de charrue ni de tracteur zélé
La hache dès le point du jour on avance puis on brûle
Ce n’est pas pour plaire aux yeux mais pour mieux faire pousser le café

Du café, oui du café ne vous en étonnez pas
Les amis nous ont dit qu’il n’est pas compétitif
Néanmoins le soir venu faut chasser grosses bêtes
On allume des grands feux, on tape dans des tonneaux

Des tonneaux vieux, vides de mauvais vin
– Qu’on nous avait filé les dernières élections
Croyez-moi la nuit venue on oublie bien vite ce vin
Quand sur son tam tam, Ogoula nous fait danser

Arrêtez de danser sales nègres, arrêtez
C’est un prospecteur, un boucher recyclé
C’est sur un gisement d’or « nous explique le salaud »
Que nous dansions depuis des générations

« Go home sale colon » fis-je coup sur coup
Il comprit alors que je suis un intellectuel
« Chut, me fit le con, je suis de la Croix Noire
Pour l’intérêt des noirs – d’ailleurs je t’écrirais »

M’écrire ? Il tint promesse, il le fit bientôt
« J’ai l’honneur, le plaisir … vous êtes conseiller »
– Adieu cochons et vaches, je m’en retourne là-bas
Dans ces coins publics où paissent les Grands Messieurs

Conseiller ?, je fus un peu étonné – mais enfin
– on s’adapte il faut dire que je signe fort bien
Mais s’épuisent les gisements d’or, tarissent les amitiés
Mon mandat fut très court, mesure d’austérité

Sur le trottoir d’en face, une fille riait
et ses dents blanches me prédisent la faim
Je cours au boulanger comme tout bon patriote
Mais – plus de boulanger il est presque Député

« Sur le trottoir d’en face » est un pamphlet contre la logique bureaucratique, les colonialismes et la corruption. A la manière de Brassens, le chansonnier exprime son sens de la critique aiguë pour dénoncer la légendaire image du « nègre » hilare, crédule et docile dans un style très corrosif combinant ingénieusement art poétique et engagement politique. Et au-delà de la fonction subversive de la chanson, on est frappé par la valeur prémonitoire de ce texte, car le chanteur occupera doublement la fonction de « Conseiller » aux affaires culturelles (1985), puis auprès du Président de la République (1988).

7. Ompung’ilendo

Ompung’ilendo !
Zika myè go mbore mbemi
Myè y’ayano g’inkula imbone
Mo ndyina re fange ngwèyè n‘alongo
Ngomwè

Ref. : Eo ! Eo !
Ompunga zika myè mbiambie
Mbiambie

Ompung’ilendo
A ! mo nyanga re dyuna ageyi
Orema w’abeli go tata g’egombe ela
Orema w’abeli go mama Ompunga
Ngomwè

Ref.

Ntsó’wè tabu go ntçenge y’ampina
Wulia nè ofe afangi wè
Ntsó’wè tabu go ntçeng‘onèmbè
Ofe na wè dè
Ngomuyawè O ! ngomuyawè

Ref.

Ngèba ngèba ngèba…
Ompunga zika myè mbiambie…

Plonge dans une nappe de pus, les voleurs t’abandonnent
Plonge dans une nappe de miel ; les voleurs et toi n’en faites plus qu’un, ils te mordent.

La chanson « Ompung’ilendo » reprend le thème d’un navigateur solitaire. Celui-ci, envahi par la mélancolie, demande au vent (« OMPUNGA ») de le ramener, léger comme une hirondelle (« ilendo ») vers les siens. L’anxiété et la profonde tristesse du voyageur, soutenues par une forme rythmique plutôt lente, transparaissent dans des paroles telles que « Orema w’abeli go tata » (le cœur est tout entier au village de mon père) « Orema w’abeli go mama » (le cœur est tout entier au village de ma mère). La misère dans son village natale y est des plus poignantes – et il en est conscient.

8. Onaga’re mie mbia

A ! g’aluwô mie mepa mepapa mepapa
g’ombeni ombia
Tatata n’onaga aye ke mie g’iwugu nye dje
Hm Onaga
Sambô ombeni ombia
Are dinga g’iwugu

O g’aluwô mie mbwa onaga nô ndégô yami mpôlô
Ntyo azwè bô g’ita, mie g’arende g’ikombana n’inyama
Hm onaga
Ntçô mye adjasi epa
Mie ga g’edemb’ozône
Hm won’oziwô

Ngomwe galuwô mie onaga g’idô nyi sika efaro ! ngomwe !
Nkala ko tubu n’onaga gô mbene ntye
Hm onaga
Sika mô ngani
Sika a finyi gô ngwe ye
Hm mi’atigani anka

Non, ce n’était rien qui ressemblât à quelque chose
Non, ce n’était rien mais rien de plus que deux gouttes d’eau
Hm …
Onaga are mie mbia

Ngomwe g’aluwô zwè w’ombwiri g’otambo-ngole na go
mbi-gu
Na gô ntçatomè ambia géré zwè
Hm onaga
Abekélié Minisè
Ine ombwiri ézélé
Kwe Minise ayeni ange gardien na gwe ?

Kwanga géré rérè anyambie ye pôn’igambe du kawô n’antyô
dungu nô yoyo rérè a tora ise
hm onaga 
Gô nkaluny’iyè nè
Anyambie adjuwi
Ndô oma fo w’abori iwog’inye

No’ganogani mie olandô gô ny’okita witape w’itangani
Mye oyandye nkuguru awene n’ina ifur’a
Hm onaga
Go nôkini ye ne
ngulu adégo
Sika n’abongi inyang’inye

Non, ce n’était rien qui ressemblât à quelque chose
Non, ce n’était rien mais rien de plus que deux gouttes d’eau
Hm …
Onaga are mie mbia

Ah quand j’étais bon, autant que peut
l’être, une noix de cola
J’avais rencontré sur mon chemin l’homme et lui
de me glisser aussitôt dans sa joue
Eh, oui, l’homme.
Ta leçon je l’ai bien retenue ;
Plus une noix de cola est bonne
Moins elle dure dans la joue de l’homme.

Jadis j’étais un chien ; un seul ami l’homme
Aussi à la chasse, fallait me voir
Dans les ronces cernant le gibier
Eh oui, l’homme
Pauvre chien ; si tu délaisses l’os que l’homme
t’a donné, pour un peu de chair tendre, que de
coups de bâton.

A une certaine époque j’étais l’homme à la
mine d’argent – j’étais bien, très bien,
Ma maison était toujours pleine à craquer
Ah ! les hommes
L’argent c’est un enfant adoptif
Qui retrouve toujours sa mère
Dès lors qu’on se retrouve tout seul.

Non, ce n’était rien qui ressemblât à quelque chose
Non, ce n’était rien mais rien de plus que deux gouttes d’eau
Onaga are mie mbia

Autrefois j’étais un génie, avec les autres génies
D’Eliwa zi Nkomi, de Mbigu de Ntçatomè et
d’ailleurs, nous étions les bienfaiteurs des hommes
Ah ! ces hommes
Ils se sont laissés abuser par les prêtres
missionnaires qui prêchent que les génies n’existent pas.

Le prêtre saurait-il nous dire là où il a rencontré
L’Ange gardien auquel il croit tant ?

Le Père Anyambie lui-même, lui que les Prêtres
missionnaires ont baptisé Dieu, ce vieux chef de
village qui laisse tout faire sans jamais intervenir à
aucun moment ; décide, un jour, déçu par les hommes de s’exiler
Et les hommes
Les hommes proclament aussitôt que Dieu est mort
Mais force est de constater que personne n’a
jamais encore porté le deuil de Dieu

Quant à moi, dit l’autre, je suis venu attiré par le
commerce du hasard, de l’homme blanc
on me fait travailler comme un forcené mais ce sont
d’autres qui encaissent pour eux-mêmes les fruits
de mon travail !

La chanson « Onaga are mie mbia » est un conte philosophique visant à éveiller les esprits et à susciter la réflexion sur l’humain. A travers la juxtaposition de micro-histoires renfermant chacune une morale, l’orateur met en évidence la nature ingrate voire obscure de l’homme, tout en divertissant l’auditoire. Cette volonté de s’interroger sur l’Homme, sur soi-même et sur l’Autre est attestée par l’illustration de l’égoïsme, de la vénalité et de la cruauté qui, poussés à leur paroxysme, peuvent déboucher sur le déicide.

9. Un conte du roi Orei

O Marongè
O Marongè
Marongè azw’a fangi orei
Une autre fois Orei le Grand Roi convoqua une
grande réunion pour parler de la Paix, il y avait là pêle-mêle :
Des empereurs comme le lion
Des ministres comme la gazelle
Des chefs d’état comme le renard
Des mères de famille comme la poule
Des secrétaires comme le loup
Des roitelets comme l’agneau
Des poètes, des poètes, des poètes
Le chat, la souris
Le chien et son maître
Des philosophes comme l’hyène
Des avocats comme le corbeau et
Des hommes d’armée comme le chacal
Et serpent le curé
Et grenouille le maître-chanteur
Des buses, des buffles, des mufles
Et j’en passe
Il y avait là aussi des patrons comme le pangolin et des ouvriers
Comme la fourmi – Oui, les ouvriers n’ont pas le temps pour ce
genre de manifestations – mais ils étaient obligés ;
– Il n’y a pas de bons pays pour les pauvres
– Il n’y a pas de bons pays pour les pauvres
Et Orei ; me direz-vous ?
Eh bien ; Orei ne fit rien – ou plutôt si :
Il se fit attendre, une heure, deux heures
Trois jours, et au bout du cinquième jour
Le lion bouffa la gazelle
Le renard bouffa la poule
Le loup bouffa l’agneau
Le chat bouffa la souris
Le chien reçut son coup de pied, enfin bref !
Hyènes, chacals, corbeaux
Etaient servis et ce sont eux qui d’ailleurs
Les premiers ont alerté
Le conseil de sécurité
Une grande catastrophe qui menace la
Paix du monde vient de se produire
Et ils réclamèrent un vote.
Pour la petite histoire,
Le patron ne bouffa pas l’ouvrier
Non le patron ne bouffa pas l’ouvrier
Quant à Orei le grand roi, interrogé sur les graves évènements
qui venaient de se produire sur son territoire et sous
son patronage il déclara
« Reportez-vous à votre quotidien habituel »
et en première page de celui-ci on pouvait lire
« Une grande catastrophe qui menace la paix du monde ».

« Un conte du roi Orei » est la première partie d’une épopée qui raconte l’itinéraire des combattants africains et des peuples opprimés sur le continent et dans le monde, dans un univers mythique où coexistent harmonieusement hommes et animaux. La perspective satirique est accentuée par la présence d’Orei « le Grand Roi », figure emblématique du dictateur qui use de la terreur et de la violence pour asservir son peuple ou générer des guerres civiles. Et face à l’inaction et au silence coupable du « conseil de sécurité » de l’ONU, le chanteur en arrive à la moralité selon laquelle « Il n’y a pas de bon pays pour les pauvres ».

10. Nandipo

Ntço w’asong’olando, olando, olando
We siwa g’inenge we bomwa g’eliwa
G’ayongo mye aningo alonga
My’aluwo omwango g’avaravari zwè
Ndo mboré mena, ndo nkow‘épilo
G’orema w’oma enyonga amane

Refrain : Nandipo
O Nandipo
Ntçugu ndé vie ?

G’avil’okuwa sika azw’amye’yè
Nkembè, Nlembè, Nkembè g’eliwa !
Eliw izazo Nadipo !
I yano go nandi azeléka wo go sika
Gogo are igewa ô gogo are igewa
Ndego yo no ndego yami

Refrain : Nandipo etc.

Gogo ekambo nè anto imbwiri
imepa si nkogo itonda G’orema
Vona Afia Awé poné Kita
Gogo ékambonè anto imbwiri
Imempa si kogo itonda G’orema

Refrain : Nandipo etc.

Gogo ekambo nè inyoni sa Pa buno
Wa nkwané, w’ibembé, ngozo, ngozo
Ntço w’ekamba zwe kotiza
We bulia manè anwè ye kenda
Ogendo ekendo, ekendo ko efinyo
Nandipo ombe n’idjuwa

Refrain : Nandipo etc.

En suivant droit devant le littoral
Tu parviens aux Îles
Tu arrives dans la lagune
Où j’ai bu ma première gorgée d’eau
Mais de la terre où l’on s’est attaché
Berceau de tant d’amour
Dans le cœur de l’homme la nostalgie ne finit pas

Refrain : Nandipo 
O Nandipo
Quand te reverrais-je ?

Là-bas d’où je viens l’argent c’est un inconnu
Mais dans lagune le mâchoiron pullule
A Nandipo la parenté n’est pas que dans l’argent
Et il y a de la joie
Et il y a de la joie
Ton ami c’est le mien

Refrain : Nandipo etc.

On dit que là-bas les femmes sont des fées
Beauté de légende, amour dans le cœur
Regarde Afia, regarde Kita
On dit que là-bas les femmes sont des fées
Beauté de légende, amour dans le cœur
Qu’il fait bon vivre à Nandipo

Refrain : Nandipo etc.

On dit que là-bas les oiseaux sont sans nombre
Perdrix, pigeons, perroquets, perroquets …
Quand ils parlent nous comprenons
« Vous qui partez : partez mais revenez »
Nandipo le pire c’est toujours la mort
Le meilleur sera mon retour

Refrain : Nandipo etc.

Nandipo est le nom que donnent les peuples autochtones à la lagune du Fernand Vaz. Cette partie de la côte gabonaise abrite la petite île d’Awouta, le village natal d’Akendengue. La chanson est une évocation nostalgique de l’univers paradisiaque dans lequel l’artiste a grandi. « Là-bas » en pays Nkomi, on vit en parfaite osmose avec la nature ; la faune piscicole et aviaire est en abondance et les femmes qui y vivent sont d’une beauté légendaire. Cette atmosphère est accentuée par le règne des valeurs fondamentales telles que l’amour, le respect de l’autre et de tous les êtres vivants – particulièrement des oiseaux, les plus proches parents des humains.

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